Fièvre catarrhale ovine

Qu’est-ce que la FCO ?

La fièvre catarrhale ovine (FCO), également appelée maladie de la langue bleue (« Bluetongue » en anglais), est une maladie virale, transmise par des insectes vecteurs du type Culicoïdes (moucherons piqueurs). Les espèces sensibles à la FCO sont les ruminants domestiques (ovins, bovins, caprins) et sauvages. La FCO entraîne les symptômes suivants : fièvre, troubles respiratoires, salivations, œdème de la face, etc. (Source : Ministère de l’Agriculture).

« Les conséquences économiques […] sont majeures, en raison de son impact sur la productivité des élevages touchés et de l’entrave aux échanges d’animaux nationaux et internationaux. » [1]

Quel lien avec l’apiculture ?

Outre la vaccination, les propriétaires d’animaux peuvent procéder à la désinsectisation de leur cheptel et de leurs infrastructures (bâtiments, bétaillère, fumières, …) pour lutter contre la FCO. Ce procédé requiert l’usage de préparations contenant des insecticides neurotoxiques, des régulateurs de croissance, des agents synergistes et vise la réduction des populations de Culicoides avec lesquels les animaux peuvent rentrer en contact.

Or, la plupart de ces composés sont hautement toxiques pour les abeilles. Les insecticides pyréthrinoïdes (déltaméthrine, cyfluthrine, cyperméthrine, perméthrine, fenvalérate), les insecticides néonicotinoïdes (imidaclopride, thiamétoxame) et les insecticides organophosphorés (phoxim) contenus dans ces préparations agissent à faible concentration sur les abeilles aussi bien par contact que par voie orale. En présence d’agents synergistes comme le butoxyde de pipéronyl (PBO), la toxicité de ces insecticides est décuplée (ANSES, 2015 [2]). C’est pourquoi il est important de veiller à limiter l’exposition des abeilles à ces substances au cours et après la procédure de désinsectisation.

Quelles sont les mesures de luttes mises en place ?

Dans ces zones réglementées, il y a une restriction des mouvements d’animaux. Les sorties des zones de surveillances et de protection ne peuvent se faire qu’à destination de l’abattoir, avec obligation de désinsectisation des véhicules de transport et des bâtiments d’attente de l’abattoir. Pour les exportations (hors UE), les véhicules de transports et les animaux doivent être désinsectisés.

En l’état actuel, les bâtiments d’élevage et leurs abords ne sont pas concernés par les obligations de désinsectisation.

La désinsectisation généralisée va-t-elle être préconisée ?

« En l’état actuel des connaissances sur les gîtes larvaires ou sur les sites de repos des Culicoïdes, aucun traitement insecticide (anti-larvaire ou anti-adulte) dans l’environnement, même aux abords des bâtiments, ne doit être encouragé étant donné l’impact environnemental » [3].

Il a été démontré que la désinsectisation des abords des bâtiments n’est pas à recommander, elle présente plus de risques pour l’environnement que de bénéfices pour la lutte contre la FCO.

Aussi, il n’est pas souhaitable que la désinsectisation généralisée soit préconisée.

Quels sont les risques pour les abeilles ?

La désinsectisation peut être un facteur de surmortalité lorsque les abeilles sont exposées aux substances toxiques. L’exposition peut être directe lorsque les abeilles passent à proximité des zones traitées et qu’elles rentrent en contact avec les substances en suspension dans l’air. Mais il probable que la collecte d’effluents contaminés (jus de fumier, eau de lavage,…) par les porteuses d’eau soit la principale voie d’exposition de la colonie à ces substances (Butler C.G, 1940 [4]).

Par ailleurs, la baisse des températures peut devenir un facteur de risque supplémentaire pour les abeilles exposées aux pyréthrinoïdes car la toxicité de ces insecticides augmente avec le froid.

 

 

©john-fowler

Comment les éleveur·euses peuvent-ils agir pour limiter ce risque ?

Dans le cas où les éleveur·euses seraient contraints de recourir à des traitements insecticides, les préconisations suivantes peuvent permettre de limiter le risque d’intoxication des abeilles :

Comment les apiculteur·rices peuvent-ils agir pour limiter ce risque ?

Bibliographie

 [1] Christophe ROY, « La lutte contre les maladies vectorielles des ruminants, quels risques pour l’abeille domestique ? » Bulletin des GTV – n°65 juillet 2012

 [2] REF : ANSES, 2015, Saisine «2012-SA-0176 Co-expositions abeilles » https://www.anses.fr/fr/system/files/SANT2012sa0176Ra.pdf

 [3] Extrait de l’annexe 3 de l’instruction technique DGAL/SDSPA/2015-753 du 09/09/2015

 [4] REF : Butler CG (1940) The Choice of Drinking Water by the Honeybee. J Exp Biol 17:253–261.

Ont participé à la rédaction de ce document

Adèle BIZIEUX (ADA Auvergne)
Virginie BRITTEN (ADAM)
Estelle DELESTRA (ADAPIC)
Cyril VIDAU (ITSAP-Institut de l’abeille)
Elodie COLOMBO (ADA France)